VERS UNE ETHNOGRAPHIE DU PROCHAIN

RELIGIOSITÉ ET IMAGINAIRE CHEZ LES OUVRIERS DE L'AVIATION BRÉSILIENNE

Résumé

Cet article traite des apports de la théorie de l'imaginaire de Gilbert Durand à la compréhension de la pluralité et de la multiplicité des formes et des logiques de la religiosité et du sacré dans le contexte spécifique de l'aviation. D'abord, pour partager l'appréciation de l'Imaginaire et du Symbolique comme source de connaissance pour la recherche anthropologique. Deuxièmement, je comprends qu'une anthropologie du travail et des travailleurs doit aller au-delà des analyses utilitaires de la culture et des aspects considérés par la littérature comme «purement» socio-économiques et pratiques. Elle devrait également éviter la prétendue détermination des chaînes du capitalisme mondial (programmes mondiaux et développementalistes, libéraux, néolibéraux) comme modèles explicatifs de l'entreprise humaine. À cette fin, l'article s'intéressera aux dimensions imagétiques des objets et à l'interaction des personnes immergées dans la dynamique du transport aérien. En qualifiant la raison symbolique ou signifiante de l'entreprise humaine, je vise à montrer que dans l'univers capitaliste et contemporain de l'aviation brésilienne, les significations du sacré et du sens religieux sont présentes et incorporées dans la routine de travail. C'est une ethnographie de longue haleine dans laquelle j'utilise la mythocritique comme méthodologie analytique. La thèse que je défends ici est que les agents historiques accomplissent, par la pragmatique de leur interaction au travail, la fonction théophanique de l'imagination symbolique, c'est-à-dire « l'épiphanie d'un mystère » (Durand, 1988).